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ÉCONOMIE - POLITIQUE
La Françafrique
vecteur du sentiment anti-français en Italie

Analyse et réponse aux propos de Meloni

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Les tensions entre la France et l'Italie ainsi que le sentiment anti-français ont été vifs en raison de la présence française en Afrique, suite aux propos de Giorgia Meloni, actuelle présidente du conseil italien, qui accuse la France d'exploiter les pays d'Afrique utilisant le franc CFA.

 

Ces déclarations, initialement faites lors d'une émission en 2019, ont ressurgi dans le contexte du refus italien d'accueillir les migrants de l'Ocean-Viking en novembre 2023, alimentant ainsi les frictions diplomatiques. En 2018 déjà, Luigi Di Maio, vice-président du Conseil italien, avait mis le feu aux poudres en accusant la France de contribuer à la crise migratoire en Afrique. Il avait appelé à des sanctions de l'Union européenne contre la France, affirmant que le pays avait colonisé de nombreux pays africains. Penchons-nous sur les affirmations de Meloni, en démêlant les faits et les distorsions.

Qu'est-ce que la Françafrique?

Qu'est-ce que la Françafrique ?

La "Françafrique" trouve ses racines dans la période coloniale où les pays africains étaient sous domination française. Même après les indépendances dans les années 1960, la France a maintenu des relations privilégiées avec plusieurs de ses anciennes colonies.

 

Le terme aujourd'hui suggère l'existence de réseaux d'influence informels entre les élites politiques, économiques et militaires françaises et africaines. Ces relations souvent opaques ont souvent été critiquées pour leur manque de transparence et de démocratie.

 

Les accords économiques entre la France et certains pays africains ont été un aspect important de la Françafrique. Certains de ces accords ont été critiqués pour favoriser les intérêts économiques français au détriment du développement durable des pays africains.

Meloni affirme que 50 % des exportations du Burkina Faso alimentent les caisses du trésor français, or, les données de la Banque mondiale réfutent l'affirmation selon laquelle la France exige 50 % de toutes les exportations. En 2020, la France ne figurait même pas parmi les cinq principales destinations d'exportation du Burkina Faso, dont la principale ressource était l'or (près de 90 % vers la Suisse).

 

Meloni a qualifié le franc CFA de "monnaie coloniale que la France imprime pour quatorze nations d'Afrique." Cependant, le franc CFA est actuellement émis par les banques centrales des quatorze pays africains répartis en deux zones monétaires distinctes : l'UEMOA et la CEMAC. Bien que le franc CFA ait eu des origines coloniales, son émission par la France a cessé, et les banques centrales des zones concernées déterminent désormais les politiques monétaires. Giorgia Meloni a souligné que la valeur du franc CFA est arrimée à celle de l'euro, limitant ainsi la politique monétaire des banques centrales africaines. Elle a également critiqué la présence de Français dans les banques de ces pays, considérée comme un levier à la disposition de Paris pour influencer la politique monétaire de ces pays. Elle n’a pas pris en compte les réformes de 2019 obligeant le retrait progressif des représentants français des instances dirigeantes de ces banques centrales.

Meloni accuse la France d'appliquer un "seigneuriage" qui lui permettrait d'exploiter les ressources des nations utilisant le franc CFA. Cependant, le dépôt de 50 % des réserves de change des banques centrales africaines à la Banque de France, jusqu'à 2020, n'impliquait pas une exploitation directe. Ces fonds restaient la propriété des pays africains et étaient rémunérés à un taux supérieur au marché. En décembre 2019, des réformes ont été annoncées pour la zone CFA, abandonnant l'obligation de déposer la moitié des réserves en France. La France a commencé à transférer les réserves vers les banques centrales des pays africains en 2023, selon les rapports.

Giorgia Meloni relie avec facilité l'appauvrissement supposé dû au franc CFA à l'émigration africaine vers l'Europe. Elle affirme : « Donc la solution n’est pas de prendre les Africains et de les amener en Europe, la solution est de libérer l’Afrique de certains Européens qui les exploitent et de permettre à ces gens de vivre avec ce qu’ils ont ! » Cependant, la réalité est complexe, avec des migrants majoritairement issus de pays n'utilisant pas le franc CFA. « On ne peut pas dire que les pays africains de la zone franc soient surreprésentés dans les flux migratoires vers l’Europe, même si on considère les choses sur le temps long », notait en 2019 Jacques Barou, directeur de recherches au CNRS et spécialiste des migrations, dans Le Monde Afrique. Les principaux flux venant d’Afrique « partent surtout du Soudan, d’Erythrée et du Nigeria, trois pays qui n’ont jamais été dans la zone franc ».

 

Bien que le débat sur la présence française en Afrique et l'adéquation du franc CFA persiste et doit être abordé, les accusations de Giorgia Meloni semblent souvent exagérées ou déformées dans le but d’alimenter un sentiment anti-français et de mettre en exemple son pays souverain et républicain.

Les propos de Luigi Di Maio

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